Apologie pour Georges Fourest

Publié le par VanTal

Je n' ai point cet esprit qui subjugue les "dames"

j' incague la pudeur, convomis le bon goût,

et si mon Apollo, perruquiers et vidames,

vous offusque parbleu ! mon Apollo s' en fout !

 

Ma flave moricaude en exhibant sa fesse

époustoufla tel cuistre ou tel justiciard

et mon géranium pondeur, je le confesse

semble aux gens distingués terriblement criard.

"Jé suis mal embouché, dit-on, scatologique,

scurrile, extravagant, obscène !.... Et puis après ?

Pour blaguer le héros langoureux ou tragique

à moi le calembour énorme et l' à-peu-près !

 

Matagrabolisant le pleutre qui me rase,

me souciant très peu que l'on m' approuve ou non

et laissant aux châtrés l'exsangue périphrase,

eh ! bien oui ! j' ai nommé la Merde par son nom :

 

En cinq lettres j'ai dit l' horrifique vocable

sans même l'adorner d' un R comme Jarry ;

que si pour ce forfait votre courroux m'accable

je m'en vante, couillons, loin d' en être marri.

 

Si ce bas-bleu puant qui n'a plus ses menstrues

depuis mil neuf cent trois sur un ton puritain

vient bégueuler parmi des chameaux et des grues

(oh ! comme puritain rime bien à putain !)

 

malgré tous ses chichis dont je ne suis pas dupe

pour payer leur salaire à ses ragots haineux

d' une main sans douceur je trousserai sa jupe

et fouaillerai sadiquement son cul breneux ;

 

je passementerai de clinquant ma défroque,

je me barbouillerai de sauvages couleurs,

j' entasserai le biscornu sur le baroque,

mes rimes hurleront tels les singes hurleurs !

 

Mon rire, mons public, c' est le rire sonore,

idoine à brimballer tes boyaux triomphants

et qui découvrira la parure osanore

qu'un dentiste pour toi ravit aux éléphants,

 

c' est le rire cachinatoire, épileptique,

le rire le vrai qui fait  baver, pleurer, tousser,

pisser, c' est le moteur du grand zygomatique

et l' agelaste en vain tâche à le rabaisser.

 

Je ne diluerai pas mon encre avant d' écrire

et je m' esclafferai cynique et sans remord,

abandonnant aux salonnards le "fin sourire"

et le rictus amer à la tête-de-mort !

 

Envoi

Aux pieds de Rabelais, le Duc, le Roi, le Maître,

O mes Pères Scarron, Saint-Amant, d' Assoucy,

Colletet, Sarrazin, daignerez-vous permettre

qu'à vos côtés Fourest vienne s' asseoir aussi ?

 

   Georges Fourest (1867-1945)"la négresse blonde"

 

 

 

Publié dans Les images hors albums

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